Défendre le droit aux vacances, encourager le départ en colos des enfants et des adolescents, valoriser le savoir-faire des professionnels intervenant dans le champ des séjours collectifs, témoigner des bienfaits du vivre-ensemble : Le collectif ResoColo en a fait sa raison d’être.
Depuis 2012, ce groupement d’organisateurs de séjours de vacances et de gestionnaires d’établissements s’emploie à rassembler les acteurs du secteur et à faciliter, dans une démarche pragmatique, le partage d’expériences, les coopérations et les réflexions collectives. Le but : asseoir le bien-fondé du séjour de vacances et ses effets indéniables pour la Jeunesse.
Frédéric Rolin, responsable de l’organisme Thalie spécialisé dans l’organisation de séjours artistiques et actuel président de ce réseau collaboratif, répond à nos questions :
Bonjour M. Rolin. Parlez-nous de l’association ResoColo, de ses motivations ?
ResoColo a été créée il y a une dizaine d’années à l’initiative d’un petit groupe d’organismes. Une démarche fédératrice, solidaire et apolitique, qui a rapidement convaincu de nombreux opérateurs, enthousiastes à l’idée d’aborder entre pairs les problématiques et enjeux sectoriels puis d’élaborer collégialement les solutions pour y répondre efficacement.
ResoColo est aujourd’hui le seul réseau à rassembler des structures de tailles et de statuts différents sans aucune volonté d’hégémonie ou d’uniformisation des pratiques. Bien au contraire, chaque opérateur nourrit le collectif de ses propres expériences, offrant à chacun l’opportunité d’améliorer son organisation et in fine la qualité du service offert.
Combien d’organismes composent votre collectif ? Qui sont-ils ?
En 2024, 48 membres composent le collectif ResoColo. Des associations, des sociétés, des CSE et CSEC, une fondation et un établissement public, réunis dans l’optique de motiver la pertinence des séjours collectifs de mineurs et d’en promouvoir la nécessité républicaine, sociétale et éducative. De par son pluralisme, ResoColo s’affirme aujourd’hui comme une force consultative sur les politiques sociales et éducatives ; une force qui contribue à apporter des solutions concrètes au public.
Comment votre groupement pourrait aider les CSE ?
En rappelant que promouvoir le départ en vacances ne coûte rien ! En effet, chaque CSE peut simplement diffuser via ses propres canaux de communication (site internet, affichages, newsletter,…) les offres existantes et les tarifs privilégiés très souvent proposés aux ayants-droits. Les familles intéressées prennent ensuite contact avec les organismes pour formaliser une éventuelle participation à un séjour de vacances. Le CSE ne supporte ainsi aucune charge administrative tout en encourageant le départ en vacances des enfants.
Bien entendu, un CSE qui fait le choix d’une politique volontariste et qui participe financièrement au coût du séjour pour les familles c’est encore mieux mais tous ne disposent pas forcément des ressources nécessaires.
Notre réseau souhaite sensibiliser les élus et représentants de CSE aux répercussions d’une véritable politique au bénéfice des enfants et des jeunes. Témoigner positivement de l’intérêt de partir en colo, c’est participer à rassurer les familles mais c’est également leur faire prendre conscience de l’utilité d’une expérience de vie en collectivité, d’une parenthèse hors des cadres familiaux et scolaires.
Pourquoi pensez-vous que les séjours collectifs sont nécessaires pour la Jeunesse ?
Ils sont indispensables et une chance unique ! Qui peut aussi facilement découvrir une nouvelle culture dans un pays étranger, faire de la plongée sous-marine dans des conditions professionnelles ou bien partir sur un séjour thématique qu’il soit sportif ou artistique ?
C’est une chance que tout enfant devrait vivre au moins une fois dans sa vie. Il faut bien comprendre que la colonie de vacances est aujourd’hui le seul espace à offrir une véritable mixité sociale, le lieu approprié pour apprendre le vivre-ensemble et la tolérance. Le séjour collectif contribue au développement de l’enfant, à sa socialisation et s’inscrit dans un processus de complémentarité éducative qui fait sens.
Il participe à sensibiliser les citoyens de demain aux bienfaits d’une société responsable, ouverte à la différence, sensible à la planète et soucieuse de son devenir. J’ajouterai que c’est un métier soumis à de très nombreux processus de contrôles par l’État et lorsque l’organisme est sérieux, c’est une expérience inoubliable.
Quels leviers pourraient permettre d’accueillir plus d’enfants en colos ?
Il est certain que l’accompagnement financier est la meilleure réponse mais ce n’est pas la seule puisque de nombreux dispositifs existent déjà au niveau national comme local pour minimiser le montant du séjour.
Conseiller, accompagner, rassurer, c’est la démarche pédagogique que les familles attendent. Le séjour de vacances souffre d’un déficit de notoriété et de reconnaissance, au regard notamment d’une couverture médiatique qui se focalise sur des incidents isolés et bien heureusement très rares. Il appartient ainsi à l’ensemble des acteurs, professionnels du secteur, prescripteurs et partenaires de s’impliquer pour encourager une véritable politique publique en faveur du droit aux vacances et particulièrement du départ en colo.
Sur 16 millions de moins 19 ans, seuls 10 % ont eu l’opportunité de participer à un séjour de vacances en 2023. La volonté de chacun et de tous conduirait à en accueillir bien plus. Chaque CSE pourrait notamment inviter un ou plusieurs organisateurs à un forum ou à un webinaire. La rencontre et la discussion aideront à coup sûr à lever les freins des familles.
Est-ce selon vous une priorité ?
La Jeunesse représente l’avenir de notre société. Lui transmettre les clés pour transformer un monde fragilisé est essentiel. Dans une société où l’éducation relève de la sphère familiale et l’instruction de l’école publique, l’éducation dite « populaire » participe pleinement à la compréhension du monde.
Elle contribue à offrir un terrain d’expérimentations propice à l’émancipation civique et intellectuelle de la Jeunesse. En colonie de vacances, un enfant cultivera son bien-être et consolidera au gré des interactions sociales son humanité. Les colos sont faites pour ouvrir le monde aux adultes de demain.
Quelles propositions sont portées par ResoColo ?
Nous parlions juste avant de force consultative. ResoColo se veut force de propositions auprès des pouvoirs publics, des élus locaux et de leurs représentants nationaux à l’Assemblée nationale ou au Sénat. Nous nous efforçons notamment de défendre toute mesure qui contribuerait à faciliter et garantir l’accès des séjours et colonies de vacances au plus grand nombre d’enfants :
- Une défiscalisation sous forme de crédit d’impôt tel que cela existe pour la garde d’enfants, les aides à la personne ou le soutien scolaire. La Suisse a mis en place ce dispositif depuis 2022.
- Un accès facilité aux demandes de financements par la centralisation des dispositifs ou l’amélioration des procédures et des calendriers.
- L’adaptation des contenus des formations d’animateurs pour mieux répondre aux défis conjoncturels (l’inclusion, les écrans et les réseaux sociaux, le harcèlement et les phénomènes de violences, …).
- Plus de cohérence dans la règlementation inhérente aux normes d’encadrement des séjours.
- La mobilisation des acteurs du transport pour favoriser l’accès aux séjours mais également le voyage des groupes sur leurs lieux de vacances.
- Mieux contrôler les conditions d’éligibilité à l’organisation de séjours afin de garantir le sérieux et l’honorabilité des organisateurs.
Les pistes sont nombreuses et certaines peuvent d’ailleurs conduire à de rapides consensus. Ce n’est qu’une question de volonté de tous les acteurs et décideurs…